‘A’A’ Presents LafargeHolcim Awards Prize Winners | Next Generation
L’innovation en matière de structures et de matériaux offre de vraies possibilités de relever les défis urgents de la crise environnementale. Le secteur de la construction faisant partie des principaux facteurs aggravants de cette crise, il doit impérativement proposer des solutions afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources et la production de déchets. Le carbone incorporé reste un obstacle majeur, notamment pour les constructions particulièrement longues ou très hautes. Il correspond aux émissions associées à l’approvisionnement, à la production, au façonnage, au transport, à la démolition et à l’élimination des matériaux et composants de construction. On pourrait envisager deux stratégies radicales pour réduire l’impact des structures et des matériaux de construction sur l’environnement. Soit se concentrer sur la longévité des structures et sur l’adaptabilité future de leur usage, afin d’empêcher qu’elles deviennent obsolètes. Soit construire en atténuant au maximum l’impact sur l’environnement, c’est-à-dire réduire le volume et l’empreinte carbone des matériaux employés. Dans l’idéal, on peut atteindre ces deux objectifs en appliquant des stratégies d’économie circulaire au secteur du bâiment. On peut obtenir de nettes améliorations en basant la résistance d’une structure sur sa géométrie plutôt que sur les quantités de matériaux, ou en utilisant ces derniers de la manière qui leur convient le mieux. La première approche repose sur l’efficacité des matériaux, c’est-à-dire la capacité de formes optimisées comme les coques à double courbure à supporter certaines charges. La seconde s’appuie à l’inverse sur l’efficience des matériaux, car une structure plus légère n’est pas forcément meilleure si elle nécessite des matériaux à haute résistance qui sont très polluants. Mais pour égaler la stabilité qu’offre la géométrie de certaines structures, il faut imaginer, développer et intégrer des stratégies de fabrication et de construction dans le processus de conception, afin de produire ces formes non standard avec des moyens économiquement viables et sans générer une quantité excessive de déchets. L’éducation joue un rôle primordial dans ce changement de paradigme. Si employer les méthodes traditionnelles d’enseignement n’est plus pertinent, cela peut néanmoins mener à des étudiants qui n’ont pas les bases en ingénierie ou en conception, c’est-à-dire qui en ignorent les répercussions matérielles. Il nous faut de nouveaux professionnels qui adoptent une approche plus intégrative et appréhendent le design collaboratif et les processus de construction sous un angle holistique. J’espère que la prochaine génération d’architectes innovants sera aussi pragmatique que responsable. Nous devons développer l’esprit entrepreneurial chez nos étudiants afin qu’ils deviennent des praticiens curieux et désireux d’imaginer des solutions novatrices et durables, qui bousculent les codes et se libèrent des contraintes existantes. Enfin, si le concept de maître d’œuvre providentiel ou d’architecte de génie pouvait auparavant faire sens, il n’est désormais plus possible de se passer de compétences complémentaires et synergiques au sein d’une équipe au vu des attentes actuelles. Si nous parvenons à offrir à nos étudiants des outils qui leur permettront de s’adapter à ces rôles en évolution, je ne doute pas qu’ils se montreront à la hauteur de la tâche. « Utiliser les matériaux de la manière qui leur convient le mieux » — Professor of Architecture & Structure, Department of Architecture at ETH Zurich, Switzerland. Co-Director of the Block Research Group. Member of the Academic Committee of the LafargeHolcim Foundation. LAFARGEHOLCIM AWARDS NEXT GENERATION
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